Le logement, facteur d’éclatement des classes moyennes ?

Par François Cusin, Maître de conférences et Claire Juillard, Chercheuse associée avec la collaboration de Denis Burckel, Professeur associé Etat des lieux et diagnostic. A partir d’une nouvelle définition des classes moyennes, ce rapport dresse un état des lieux du logement de cette constellation aux contours flous et changeants. Il parcourt les étapes clés de la trajectoire résidentielle et analyse les motifs d’insatisfaction retirés de la situation actuelle. Il apporte enfin un diagnostic sur les aspirations des classes moyennes en matière de logement et sur ce qui entrave leur confiance à les réaliser. Le tout à partir d’une enquête par questionnaire réalisée auprès de quatre mille ménages représentatifs de la population active française.

Après les Trente Glorieuses…
Les classes moyennes ont longtemps été associées à un imaginaire de progrès et à l’idée de démocratisation de la société. En matière de logement, elles ont connu pendant les Trente glorieuses des trajectoires résidentielles ascendantes massivement marquées par l’amélioration des conditions de logement et l’accession à la propriété. Une communauté de destin et d’aspirations semblait alors les unir.

Le malaise résidentiel des classes moyennes…
Après avoir été secouées par trois décennies de mutations économiques, les classes moyennes risquent aujourd’hui l’éclatement. Le logement en témoigne : autrefois garant et marqueur d’une distinction de « classe », il est désormais un puissant facteur de différenciation interne. C’est aussi la source de décalages inédits entre statut social et conditions matérielles de vie. Le malaise résidentiel qui en découle alimente de nombreuses frustrations et insatisfactions. Il trouve un de ses symptômes les plus aigus dans les difficultés d’accès à la propriété que rencontre une part croissante de ménages. La perte du statut de propriétaire en est aussi une puissante illustration. En allant contre la dynamique de mobilité ascendante propre aux classes moyennes, elle est un signe que le moteur est grippé.

…et le risque de décrochage de son tiers inférieur
Le mal-logement est un problème saillant mais l’onde de choc du malaise résidentiel se propage jusqu’aux classes moyennes, en tous cas jusqu’à ses franges les plus modestes qui, en matière de logement, ont peu à envier aux classes populaires. Le phénomène révèle un risque de décrochage. Il trouve son explication dans la fragilisation des parcours professionnels, avec le lot de chômeurs, salariés précaires et travailleurs déclarant un temps partiel subi qu’elle déverse sur le marché de l’emploi. La baisse du pouvoir d’achat aussi est en cause. Elle résulte de la faible progression des revenus et de la hausse des dépenses contraintes, en particulier de l’augmentation du coût du logement. Sur le plan résidentiel comme sur le plan professionnel, l’ascenseur n’est pas seulement en panne, il descend.
Une étude de l’Université Paris-Dauphine pour la Confédération française de l’encadrement-CGC au titre de l’APPELS (Association pour la promotion et l’étude du logement des salariés)

Source : Université Paris-Dauphine

Publié le 1 mars 2010
NEWSLETTER

Inscrivez vous à notre newsletter et recevez les dernières actualités

Plan du site